La gestion du temps aux échecs

Toujours dans le but d’améliorer votre réflexion stratégique aux échecs, j’ai effectué plusieurs recherches sur la gestion du temps durant une partie d’échecs.

Pour débuter, il existe trois façons de perdre une partie :

  • Abandonner
  • Échec et mat
  • Perdre au temps

La pendule est un élément indispensable dans un tournoi d’échecs. Le supprimer reviendrait à accepter des conditions de jeu inégal pour les deux joueurs et surtout à abuser du temps de réflexion. C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire sur la gestion du temps.

Pourquoi êtes-vous toujours en zeitnot?

Un joueur est en zeitnot (de l’allemand Zeit = temps et Not = pénurie) lorsque l’on dispose de très peu de temps pour finir la partie. Habituellement, vous avez moins d’une minute par coup pour passer le temps de contrôle (30 coups/90 minutes + 60 minutes mat) ou pour finir la partie.

Combien de parties gagnantes et de réflexions profondes ont été perdues par le manque de temps. La plupart des joueurs d’échecs en ont déjà fait l’expérience et d’autres sont reconnus pour être toujours en pression de temps.

Le cas des joueurs qui se retrouvent régulièrement en zeitnot (en pression de temps), gaspillent souvent leur temps à calculer une multitude de variantes, évaluent mal la position et finissent toujours par jouer la mauvaise variante, ce qui les replongent dans leur réflexion profonde pour trouver une solution à leur mauvaise position.

Selon Nokolaï Kroguious « Pourquoi un joueur accorde-t-il à un coup plus de temps qu’il n’est nécessaire? Parce qu’il refuse systématiquement de prendre une décision. Il manque de confiance en soi même dans les positions les plus simples »

Dans son livre « La psychologie au jeu d’échecs », Nokolaï Kroguious a isolé plusieurs causes objectives au zeitnot, en voici six :

1. L’insuffisance de la préparation théorique

Une connaissance incomplète des positions typiques de milieu de partie et de fin de partie, des plans de développement et des ouvertures entraîne une perte de temps. Un joueur qui a mal préparé son ouverture ne se sent pas sûr de lui. Il vérifie constamment ses analyses avant de jouer son coup.

La préparation théorique n’est pas tout, il est indispensable de savoir comment évaluer correctement une position.

2. Le manque de pratique

Si vous participez seulement à un ou deux tournois par année, votre manque de pratique augmente le risque de se retrouver en zeitnot. La rouille s’installe dans vos neurones et ralentit votre temps de réflexion. Je vous suggère de pratiquer 30 minutes de tactiques par jour pour améliorer l’analyse d’une position et votre vision du jeu.

3. La complexité d’une position

Un joueur a besoin de plus de temps pour résoudre une position complexe et dynamique. Il faut réfléchir davantage pour trouver un plan.

Pendant une partie, il y a des moments où l’on doit examiner très attentivement la position en y passant de 15 à 20 minutes et parfois plus. Ceci implique qu’il vous faudra jouer plus rapidement les autres coups.

4. La recherche délibérée du zeitnot

Il existe des cas où un joueur qui n’est pas satisfait de sa position se met volontairement en zeitnot dans le but d’engager une guerre psychologique (vous connaissez surement quelqu’un). Le résultat est souvent en sa faveur. J’ai essayé cette stratégie à quelques reprises et cela a très bien fonctionné!

En effet, votre adversaire, espérant un gain à la pendule contre vous, devient trop excité pour préserver son sens critique. Il ne parvient plus à contrôler ses émotions et joue des coups sans vraiment réfléchir pour que vous ne pensiez pas sur son temps. Quelle erreur de sa part!

5. Doutes concernant l’analyse

Certains joueurs sont tellement consciencieux, qu’ils recherchent le coup parfait. Dans sa quête à la perfection, la pendule continue de tourner et les indécisions ne font que s’accroître.

6. Doutes liés à l’importance exagérée de la force de l’adversaire

Lorsque vous jouez une partie d’échecs contre un adversaire qui a plus de 200 points Élo de plus que vous, vous envisagez continuellement toutes les combinaisons tactiques éventuelles de votre adversaire. Vous avez l’impression de voir des dangers là où il n’y a pas.

Trois stratégies si votre adversaire est en zeitnot

1) Exclure de votre tête que vous ayez un avantage de temps sur votre adversaire.

2) L’erreur psychologique la plus fréquente consiste à accélérer son propre rythme de façon à ce que votre adversaire n’ait pas la possibilité de réfléchir sur votre temps. Ceci entraine un nivellement du temps et vous empêche de bien comprendre la complexité de la position et de jouer le meilleur coup.

3) Quand votre adversaire est à court de temps, ne vous pressez pas. Soyez vigilant. N’oubliez jamais qu’il n’a rien à perdre et qu’il trouvera rapidement la bonne réponse à votre coup hâtif.

Trois stratégies pour corriger votre problème de zeitnot

Voici des suggestions pour améliorer votre gestion de temps

1) Avant chaque partie, estimez le temps moyen pour jouer chacun de vos coups selon la cadence proposée. On suppose toujours qu’une partie dure 60 coups :

2) Le champion du monde Mikhail Botvinnik suggérait à ses élèves qui avaient des problèmes de zeitnot de jouer ses parties en se concentrant uniquement sur la pendule, et non sur le résultat ou la qualité du jeu. Vous devez écrire sur votre feuille de partie, à chacun de vos coups, le temps restant sur votre horloge. 90 % de ses élèves ont réglé leur problème de zeitnot.

3) Botvinnik insistait également auprès de ses élèves que les 15 premiers coups doivent équivaloir à 20 % de votre temps. Exemple : une partie de 90 minutes mat, vous devez jouer vos 15 premiers coups en 18 minutes (20 % de 90 minutes). Vous voyez l’importance de bien étudier et connaître ses ouvertures. Cette simple stratégie vous donne le 20 minutes nécessaire pour analyser en profondeur une position complexe.

Si vous avez tendance à jouer trop vite

Si vous perdez vos parties parce que vous jouez toujours trop vite, utilisez la méthode « LE COUP AUX ÉCHECS » Attention, Évaluation, Décision et Exécution. De cette manière, vous allez ralentir votre rythme de jeu, développer la bonne façon de réfléchir devant votre échiquier et améliorer vos performances, c’est garanti!

1. ATTENTION
Pourquoi a-t-il joué ce coup?
Quelles sont ses menaces?
Peut-il capturer une de mes pièces?
Quel objectif poursuit-il?

2. ÉVALUATION
À vérifier après chacun des coups, autant du côté des Blancs que des Noirs :

Tous les ÉCHECS possibles
Toutes les CAPTURES possibles
Toutes les MENACES possibles
S’il n’y a aucuns échecs, captures ou menaces possibles, alors votre stratégie est d’ACTIVER une de vos pièces ou MINIMISER celles de votre adversaire.
Autres exemples de pistes de réflexion en milieu de partie :

  • Terminer votre développement avant d’attaquer (sortir toutes les pièces)
  • Ouvrir une colonne pour vos Tours
  • Ouvrir une diagonale pour vos Fous
  • L’occupation de la colonne et de la diagonale ouvertes
  • Créer des faiblesses dans la position de l’adversaire
  • L’amélioration de la position de vos pièces (point majeur dans votre réflexion)
  • Mettre votre Roi en sécurité
  • L’intrusion sur la 7e ou 8e traverse avec une Tour
  • Affaiblir la structure de Pions adverse
  • Trouver un avant-poste pour votre cavalier
  • Créer une majorité de Pions suivis d’un Pion passé
  • Le blocage des Pions passés adverse
  • L’obstruction des pièces adverses
  • Réalisation d’une combinaison tactique

3. DÉCISION
Je joue mon coup dans ma tête, je visualise la position comme si le coup avait bel et bien été joué. Je regarde ensuite si j’ai des pièces non protégées que mon adversaire pourrait attaquer et les menaces de réseau de mat.

4. ÉXÉCUTION
Si votre adversaire ne peut capturer aucune de vos pièces et n’a pas de réseaux de mats, alors vous jouez votre coup avec confiance.

 

Conclusion

Pour améliorer votre développement échiquéen, il est extrêmement important de savoir gérer son temps durant une partie d’échecs.

Un autre facteur de réussite, est de savoir conserver un haut niveau de concentration et d’attention. L’expression « le plus difficile est de gagner une partie gagnante » est très juste. Il arrive, très souvent, qu’après avoir pris le dessus d’une partie, nous nous laissions distraire par la pensée d’une victoire proche, relâchant ainsi notre vigilance. Il faut savoir que le moindre relâchement de votre part sera aussitôt pénalisé.

Un joueur qui veut s’améliorer aux échecs n’a jamais droit de cesser de travailler tant et aussi longtemps que la partie n’est pas terminée.

Michel Barré

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