Pourquoi vous êtes perdus dans le milieu de jeu – de Julien Song
C’est probablement parce que vous tombez dans ces deux profils de joueurs.
Le premier c’est celui qui fonde tout son jeu sur des pièges d’ouverture qu’il a appris par coeur.
Chaque partie, l’adréline monte, est-ce que cette fois ci je vais réussir à placer le mat du berger ? Ou encore le piège dans le gambit Englund ?
Si oui, super ! Si non, il se retrouve totalement démuni dans le milieu de jeu qui suit.
Le deuxième profil de joueurs, c’est celui qui applique de façon méticuleuse les fameux 3 principes de l’ouverture : prendre le centre, développer les pièces et mettre le roi en sécurité.
Au début, il est hyper à l’aise, il a un cadre simple à suivre. Mais dès qu’il a appliqué les 3 principes, il est totalement démuni : « Et maintenant, qu’est ce que je fais ? »
Le problème de ces deux joueurs, c’est qu’ils ne se sont jamais posés la question fondamentale : « Qu’est ce qui fait qu’une position est une bonne position d’échecs ? »
En effet, si vous ne savez pas ce qui a de la valeur dans une position d’échecs, comment voulez-vous savoir quoi chercher ? Quel objectif atteindre ?
En réalité, il existe 5 éléments stratégiques. Et ces 5 éléments sont présents dans n’importe quelle position d’échecs.
Ce que vous devez chercher, l’objectif que vous devez atteindre, c’est améliorer votre situation sur ces 5 éléments stratégiques et empêcher votre adversaire d’améliorer la sienne sur ces 5 mêmes éléments.
Un de ces 5 éléments, vous le connaissez tous, c’est le matériel. Avoir une dame de plus que l’adversaire, ça a clairement de la valeur :)
Mais quels sont les 4 autres éléments ? Je vous en dévoile un autre. Prenez une position typique de milieu de jeu que l’ordinateur juge comme étant égal.
Faites le test de doubler, isoler tous les pions des Noirs par exemple. Vous allez voir que soudainement l’ordinateur va adorer les Blancs alors même qu’on a toujours le même niveau de matériel sur l’échiquier.
C’est donc clairement le signe que la structure de pions est un de ces 4 éléments.
Et voilà, maintenant vous avez deux boussoles qui guident votre jeu dans tout milieu de jeu : le matériel et la structure de pions.
Citation de la semaine
» Pour progresser, vous devez étudier les finales avant tout le reste «
Jose Capablanca, Ancien Champion du Monde dans son livre « Chess Fundamentals » (1921).
Si vous ne travaillez pas vos finales, c’est comme si vous marchiez dans la fôret amazonienne sans boussole.
Le cours inéluctable d’une partie c’est ouverture, milieu de jeu puis finale.
Quand vous travaillez les finales, ça vous aide paradoxalement à mieux jouer le milieu de jeu.
Pourquoi ? Parce que à tout moment, vous savez quelle échange vous pouvez faire pour entrer dans une finale avantageuse.
A l’inverse, si vous ne travaillez pas les finales, votre adversaire peut très vite vous faire déjouer dans le milieu de jeu.
Pourquoi ? Parce qu’il va saisir n’importe quelle situation pour vous amener dans une mauvaise finale sans même que vous vous en rendiez compte vu que vous n’avez jamais travaillé les finales, et que donc vous ne serez même pas en mesure de savoir que vous rentrez dans une finale
difficile à défendre !
En sachant mieux de quoi demain pourrait être fait, on peut prendre de meilleures décisions aujourd’hui.
Pas étonnant que Capablanca propose donc d’inverser l’ordre dans lequel on apprend les échecs : d’abord les finales, puis le milieu de jeu,
puis les ouvertures.
Ce texte provient de Julien Song
Son site WEB : https://www.juliensong.com/